Flanneries du Crépuscule...

Nombre de messages : 2508 Age : 30 Date d'inscription : 19/09/2007

Monaenn n'eut pas le temps de la remercier, car déjà Lanfear était loin lorsqu'elle s'était retournée. Mais un problème se posait : où trouver un rêveur au beau milieu de la nuit dans une ville totalement inconnue où elle devait déjà trouver une auberge pour passer la nuit ? C'était pratiquement impossible.
Elle fit alors quelque chose d'inédit pour elle qui, malheureusement, était inutile.
Elle interrogea les gens sur son chemin.
- Où puis-je trouver un Rêveur ?
Mais, sans doute parce qu'il était tard et qu'une voyageuse épuisée aux vêtements ensanglantés et à l'odeur de Ts'lich avait de quoi repousser les gens, peu de gens lui répondirent...
- Je ne connais pas !
- Demandez ailleurs...
- Aucune idée.
- Ne m'approchez pas !
- Beurk ! Mais tu pues vraiment !
Au bout d'une heure vaine, elle abandonna l'idée de trouver un Rêveur dans la ville. Elle n'osa pas réitérer l'expérience pour demander une auberge et erra jusqu'à ce qu'elle en trouvât une petite qui accepta de l'accueillir pour la nuit. Elle remercia chaleureusement les propriétaires, lava rapidement ses vêtements, s'aspergea d'eau pour faire passer l'odeur, puis revêtit sa tenue de nuit avant d'aller se coucher dans son lit.
Les draps étaient glacés et une forte senteur de bois régnait dans la chambre. Malgré cela, elle ne tarda pas à s'endormir.

... Beaucoup plus tard cette nuit-là, Lanfear retira le manche de la plus petite de ses dagues d'un dos. Un bon point de plus dans ses relations avec sa Guilde, et un bon point pour son moral aussi. Elle aimait tuer, tout simplement, et en quoi est-ce que ça serait un crime ? Pour pouvoir juger ses actes, il fallait déjà l'attraper. Ce qui n'était pas si simple que ça, on en conviendra... Il fallait que ça ressemble à un accident en plus. Ce qui n'était pas non plus spécialement compliqué. Elle avait fait attention à ne rien frôler en plantant sa lame, pas d'os ou quoi que ce soit qui ai pu garder marque d'un coup de coutelas... Pour l'accident, rien de bien compliqué, il suffisait de déclencher un incendie monstre à l'étage d'en dessous... Une fois le terrain préparé, bien sûr... Elle n'eut pas besoin de plus de quelques dizaines de minutes. De toute manière, dans ces eaux-là de la nuit, Al-Vor dormait depuis un bon moment, ce qui arrangeait bien ses affaires. Deux secondes très exactement après qu'elle eut quitté par la fenêtre cette maison où plus personne ou presque vivait encore, le feu prit, embrasant aussi bien premier que second étage. Il était parfaitement impossible de déceler que ce n'était pas criminel, elle y veillait toujours, sauf quand ça faisait partie de la mission.

Quelques instants plus tard, une fois parfaitement certaine qu'il n'y avait plus de risques, que l'incendie s'éteigne avant le matin, même un dessinateur aurait de la peine à éteindre le brasier. Elle était fière d'elle, tout simplement, alors qu'elle passait par les toits pour aller s'offrir le luxe d'un bain. Le sommeil peut-être après, mais comme l'aube allait poindre, c'était un peu exclu. Tant pis !
Elle resta de longues minutes dans l'eau, excluant de tous les pores de sa peau cette odeur de sang et un peu de fumée. Le produit qu'elle avait lancé dans l'eau avant d'y entrer laissa sa peau douce, et parfumée aux fleurs... Elle s'était trompée de flacon. C'était pas la mort, mais quand même. Et puis de toute façon, ça changeait agréablement de d'habitude...

Séchée et habillée d'une jupe ample de couleur sombre et d'un corsage noir brodé d'oiseaux, nécessaire à sa prochaine mission, un peu ringard vous me direz, mais elle avait déjà porté pire, elle reprit sa route par les toits, encore invisible dans la nuit pas encore morte... Et elle stoppa net en face d'une fenêtre, qui appartenait apparemment à une auberge. La silhouette qu'elle avait aperçue, endormie, elle l'avait reconnue... Pas tout à fait sure, mais cela semblait vraiment être la jeune fille du toit... Monaenn.
Sans gêne, elle entra par la fenêtre, suffisamment silencieuse pour ne pas réveiller la dormeuse, et s'assit sur un meuble, l'observant dormir alors que le soleil n'allait pas tarder à se lever.
Pourquoi une telle attitude ? Aucune raison véritable, ni même de réelle envie. Ce moment en valait bien un autre pour Lanfear.

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La nuit passa lentement. Monaenn se réveilla plusieurs fois, ne sachant ce qui l'arrachait du sommeil. Elle allait dans la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage. En tombant, celle-ci semblait emporter au loin tous ces soucis. Elle se recouchait, puis elle recommençait quelques heures plus tard.
Lorsqu'il n'y eut plus d'eau, elle se résolut à ne plus quitter son lit. Etrangement, cela la calma et l'aida à s'endormir. Elle ne fit plus aucun cauchemar de la nuit et put enfin se reposer.
Quand Lanfear entra dans sa chambre, elle ressentit le souffle froid de l'extérieur dans son sommeil et frissonna légèrement. Mais elle ne fut pas perturbée pour autant.
Le soleil levant envoyant ses rayons éclairèrent doucement la pièce. La lumière pâle réveilla Monaenn qui tourna sa tête vers la fenêtre pour admirer le paysage matinal... quand elle vit Lanfear tranquillement assise sur un meuble ! La Voyageuse se crispa, très surprise de la retrouver dans sa chambre si tôt. Elle ne s'attendait pas à la revoir, d'ailleurs.
- Bonjour, Lanfear. réussit-elle enfin à dire lorsque la stupeur fut passée. Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre si tôt ? Je ne m'y attendais vraiment pas !

Un rayon de soleil finit par réveiller la dormeuse, et se crispa en l'apercevant. Ce qui lui tira un sourire peu enchanté... Si c'était de la peur, ça la réjouissait en un sens, elle avait toujours aimé faire peur; mais elle ne se faisait pas d'illusions, la voyageuse combattante de Ts'lich n'aurait pas peur d'elle, ou du moins, pas quand elle se trouvait habillée comme ça et avec son air calme. Enfin, peut-être pas...
Bref, elle était surement juste un peu surprise de la voir là, ce qui était relativement aisé à comprendre... Elle chercha des yeux la lame de la jeune fille, sans être vraiment concernée par la chose...
"J'étais là-bas, lança-t-elle en pointant le bras vers le toit qu'on voyait depuis la fenêtre, quand je t'ai vue remuer, alors je suis entrée..." Très logique, pas photo, même si on peut se demander où est le rapport entre avoir l'impression de reconnaître une silhouette et entrer dans une chambre où personne n'est réveillé sans faire aucun bruit. Elle avait une bonne raison en fait, si si, mais...

"Qui es-tu Monaenn, je sais que tu n'es pas d'ici..." Oui... Mais oui... Le demander comme ça et on aura très certainement une réponse... Comme c'est vraisemblable... En attendant, elle observait avec attention le visage de Monaenn pour discerner une possible réaction, les mains sagement croisées sur ces genoux... Monaenn dirait-elle la vérité... Sa quête avait-elle un rapport avec sa venue ici, su moins si elle ne s'était pas trompée, certes elle n'aimait pas l'admettre, mais ça lui arrivait aussi, même si elle se débrouillait efficacement pour que personne ne le sache.

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Monaenn grogna.
- Justement la question à laquelle je n'avais pas envie de répondre !
Elle prit le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire : la tournure des phrases, la manière de présenter les faits... Puis elle se lança finalement.
- Alors... en fait, c'est vrai que je ne suis pas d'ici. Mais où je vivais, je ne vivais pas. Comme si j'étais un élément étranger. Mais, somme toute, j'en suis peut-être un partout.
Je n'avais pas ma place parmi les autres. Que faisaient-ils ? Oh ! Ca peut sembler assez gentil, mais à force, ça peut détruire intérieurement une personne. J'ai eu le droit à beaucoup de moqueries, en particulier à cause de mes cheveux. Va donc savoir pourquoi, ils ne les aimaient pas. Souvent, ils s'arrangeaient pour me faire des mauvais coups... d'ailleurs, ils m'ont coupé les cheveux, une fois, j'avais une coupe atroce... c'est incroyable la rage que j'avais de les tuer... mais je n'osais pas, ils étaient bien trop nombreux. Je détestais cette période de ma vie...
Quand j'eus 14 ans, je décidai de me rebeller. Contre l'avis de tous, je me suis exilée et j'ai appris, seule parce que personne ne voulait de moi, à manipuler un katana que j'avais trouvé quelques mois plus tôt. Je me sentais forte, mais je savais que je n'arriverais pas à les tuer... tout au plus, les intimider un peu.
Vint alors mes 18 ans. Ce fut un grand cap, dans ma vie. Je maitrisais plutôt bien mon katana. Un jour, en m'entrainant sur des rochers face à la mer, ce dont j'avais toujours rêvé, un mystérieux inconnu habillé d'une cape brune lui cachant le visage est venu. Je ne saurais dire si c'était un homme ou une femme. Il m'a dit que ma mère était Alavirienne.
Face à la découverte de mes origines, je me disais que c'était ce qui me fallait. J'ai cherché à rejoindre Gwendalavir, j'ai essayé d'en apprendre un peu plus sur ce monde qui resta hermétiquement secret. Mais j'appris néanmoins un peu le dessin, mais en venant ici, j'ai tout oublié. Bon, ce n'est pas dramatique quand même !
Deux ans plus tard, je me suis retrouvée ici, au beau milieu de je ne sais où. Et voilà.

Adolescence en rébellion, avec rejet et compagnie... Ou bilan du monologue de Monaenn vu par Lanfear. Elle n'avait pas demandé toute sa biographie depuis le moment où elle avait été conçue non plus... Il y avait des accents de vérité dans ce long discours, et le reste, elle était bien incapable de le vérifier. Mais... Monaenn avait appris le Dessin dans cet autre monde où normalement c'était peu possible, avec le potentiel d'une 'bonne' Dessinatrice puisqu'elle avait fait un grand pas sur le côté, pour tout oublier, et quand même se retrouver avec une arme Dessinée à la main lors de son combat contre le Ts'lich...

Mais c'était quoi au fond cette fille...

"Donc ta quête, c'est pour retrouver ta mère ? Ou cette Vérité dont tu avais parlé... ? Plus ça va et plus tu deviens étrange à mes yeux. Ce qui n'est pas un point négatif d'ailleurs..."
Elle voulait plutôt demander si Monaenn avait eut à l'idée pour son pas sur le côté de retrouver sa mère, et s'il y avait un rapport avec sa quête, même si celle-ci lui avait été collée sur le dos un peu comme ça apparemment...
Elle ne comprenait plus grand-chose. Elle ne savait pas si c'était voulu, mais cette avalanche d'informations mettrait du temps à être analysée. Elle jetait de temps en temps un regard sur le ciel. Elle n'était jamais en retard, mais il fallait quand même faire attention. Simple question d'obstination et d'habitude au final...

Son regard émeraude se posa à nouveau sur Monaenn, elle n'avait pas vraiment eut la réponse qu'elle attendait à sa question, mais presser les gens n'était pas son style, sauf si c'était les ordres. Mais tant d'autres façons de soutirer des informations existaient...

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Tout sourire (allez donc savoir pourquoi !), Monaenn corrigea :
- Ah, non ! Pas du tout. En fait, je ne crois pas que je puisse la revoir. Je n'ai pas une seule indication sur elle. Et rien n'est dit qu'elle se trouve ici, bien sûr. Elle est peut-être chez moi. Après, la vérité, je crois avoir trouvé ce que je recherchais, le reste n'a plus d'importance à mes yeux. En réalité, c'est un homme qui me l'a donné, mais je ne sais pas trop pourquoi... peut-être parce que c'est celui qui m'a aidée... alors, il voudrait que je l'aide à son tour. Mais ça non plus n'a pas d'importance. J'aime bien ma vie ici, c'est sympa.
Un soulagement ? Pas forcément. Son histoire, elle la connaissait par coeur. Elle aurait voulu l'oublier. Mais elle avait une trop belle mémoire... et elle aimait trop son katana. Elle n'aurait pu s'en séparer. Enfin. Ici, c'était mieux.
- Et toi, FN ? Tu es qui ? Non, parce que ça ne me dérange pas de parler de moi, mais je n'aime pas quand c'est trop centré sur moi. J'ai peur des inconnus. Quand j'étais plus jeune et que je sortais seule dans la rue, je regardais autour de moi, j'étais très vigilante. J'avais très peur de me faire enlever. Et j'évitais un maximum possible les gens, car il est très simple de refermer son poignet sur un passant que l'on croise.

Monaenn était heureuse ici... C'était possible, nombre des habitants de l'empire avaient l'impression d'être heureux. et peut-être qu'une partie d'entre eux l'étaient véritablement, probablement sans le savoir d'ailleurs. Elle-même ne pensait pas être heureuse, mais elle vivait toujours, et petit à petit ses désirs s'accomplissaient. Elle n'avait même pas envie d'être heureuse en fait. Peut-être fallait-il prendre en compte le fait qu'elle considérait cette absence de 'bonheur' comme un moteur pour elle...
Mouais, pas sûr que tout ça ait un sens pour quelqu'un d'autre qu'elle-même, même si elle le disait à un quelconque quidam, ce qui en soit était quasi impossible...

"Monaenn, tu en sais déjà bien assez sur moi, bien plus que la majorité de ceux qui m'ont croisé plus ou moins longuement. Je suis la fille de la Nuit, estimes-tu sage de chercher en apprendre plus ?"
Ses lèvres s'étiraient en un sourire relativement long, et peut-être inquiétant, même si ce n'était pas le but du-dit sourire.
"Pourquoi avais-tu peur des gens autour de toi ?" Peur des inconnus ? C'était quelque chose qu'elle ne comprenait que peu, mais dont elle tirait profit à l'occasion. D'ailleurs, Monaenn n'avait pas eu l'air d'avoir peur d'elle la veille sur le toit, pas plus que du Ts'lich en fait...
Lanfear jeta un coup d'œil au soleil, dehors. Parfait, elle avait encore largement le temps...

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Un grand sourire se dessina aussi sur le visage de Monaenn.
- Pour avoir la sagesse, il faut être vieux et avoir bien vécu. Malheureusement, je suis jeune et écervelée. Je ne connais pas la sagesse, cependant, je pense être raisonnable. Ca peut se rejoindre, mais à différents niveaux.
Très heureuse d'avoir soulevé une question qui lui semblait cruciale, elle continua.
- Cependant, si on est raisonnable et qu'on est jeune, on peut appeler ça de la sagesse précoce, donc de la mâturité. Mais mâturité, sagesse et raison, au fond, ce n'est pas tout à fait pareil, mais ça s'adresse à des personnes différentes pour exprimer une idée identique ou presque. C'est incroyable, je trouve. J'y fait abstraction en règle générale et je ne te demande pas d'être aussi bavarde que moi bien sûr. C'est juste que je suis téméraire.
Amusant, non ? Monaenn adorait ces conversations sur des sujets aussi peu passionants que cette stupide différence qui ne lui apportait rien d'autre que l'illusion de ne pas être aussi idiote que ce que les autres pensaient.
- Et, comme je te l'ai dit, j'ai peur des gens à cause de ma jeunesse gâchée. C'est peut-être étrange, mais j'avais peur que les inconnus qui passaient près de moi referment leur main sur mon bras et m'entrainent loin de chez moi. Les chances que ça arrivent sont minimes, surtout si on est aussi prudent que moi, mais c'est possible... Maintenant que j'ai mon katana, j'arrive à me donner un peu de contenance, mais j'ai toujours cette pensée dans ma tête. Alors je touche mon katana et je me dis que tout ira bien.

Looooooooooooongue explication sur les différences entre sagesse et associés... Pourquoi ? Aucune idée de Lanfear à ce propos, très sérieusement, elle n'en avait très franchement strictement rien à faire... C'était quoi ce charabia, enfin non, ce n'était pas du charabia, mais cela n'avait vraiment que peu de choses à voir avec le semblant de conversation dans laquelle tout ça s'insérait... Le plaisir de parler ? Celui d'étaler sa science ? Autre chose ? Questions auxquelles Lanfear n'avait pas envie de prendre la peine de chercher des réponses...
"Téméraire ? Je ne vois pas en quoi...
Mais tu devrais faire attention, certaines façon de t'accrocher à ton arme signalent ta peur, et certaines... disons personne adorent ce genre de proie. Je ne t'ordonne rien, attention, ce n'est guère plus qu'un conseil évident, à toi de voir.
Pourrais-tu m'expliquer pourquoi tu avais peur qu'on t'attrape le poignet en pleine rue ? C'est courant ? Même ici, ce n'est pas le style des pires individus, sauf avec leurs compagnons de race... Qu'as-tu ici depuis que tu es là, qui diffère de là-bas ? As-tu rencontré des gens intéressants...?"
On pourrait croire qu'elle entretenait la conversation, et c'était un peu le cas. Son regard accrocha de nouveau le katana de la jeune fille. Belle arme, et elle comprenait parfaitement l'impression que disait ressentir Monaenn à son contact, la contenance, d'autres armes la lui avaient procurée, mais ce katana était un peu trop long par rapport à ses dagues pour qu'elle puisse se sentir 'elle' avec. Bref, blabla sans fondements, mais elle préférait néanmoins ses dagues de beaucoup!

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Elle haussa simplement les épaules.
- Bah ! Si quelqu'un le remarque, il va chercher à m'attaquer... or, je serais prête à ce moment là vu que je m'y attendais... Logique, n'est-ce pas ?
Elle réfléchit alors. Pourquoi avait-elle peur. Elle ne se l'était encore jamais demandé.
- Disons que c'est tellement facile que même un ivrogne peut le faire... c'est là que ça devient dangereux... Un individu ivre n'a pas toute sa tête... ce n'est pas très bon signe, donc. Mais j'ai de la chance, je n'ai jamais rencontré de personnes trop méchantes... Enfin, quelques unes mais j'en suis ressortie vivante, ça doit vouloir dire que je leur ai survécu... Je pense tout particulière à cette vieille mamie à l'accent étrange... Elle adorait tuer, pourtant, elle semblait fort gentille... Depuis, je ne me base plus sur l'apparence des gens. Après tout, le peu d'expérience que j'ai m'a déjà prouvé qu'il ne fallait pas le faire.
Monaenn regarda alors l'heure.
- Hum... il commence à se faire un peu tard... il serait peut-être temps d'aller manger, j'ai l'estomac qui garoueille. Enfin, je crois... je ne peux en être sure, avec le bruit qu'ils font, en bas... mais j'espère qu'il y aura quelque chose de bon. Euh... tu veux venir ?

Logique, logique... On dira que ça se tenait dans les fondements, mais après, pour Lanfear, c'était une nouvelle fois un peu du blabla... Provoquer presque l'attaque et s'en justifier à moitié en argüant qu'on y était préparé, quand de plus on avait peur de cette attaque... Il fallait dire la vérité, elle trouvait ça un peu tiré par les cheveux, mais elle ne dis rien, se contentant d'acquiescer de la tête... une unique fois. en même temps, malgré la 'longue' explication, Lanfear ne comprenait toujours pas pourquoi Monaenn avait peur d'un truc comme ça... Peut-être cela tenait-il d'une façon de voir les choses : si on répondait à chaque contact non sollicité par une menace de mort, et si ça se voyait dans la démarche, fatalement, la peur était présente chez ceux qui provoquaient ce contact, les empêchant de le faire... De l'autre côté, quand on s'aperçoit d'une peur, on a toujours envie d'aller voir jusqu'où elle va, même si ce n'est pas le 'style' de la maison...
En fait non, ce n'était pas Monaenn qui expliquait mal apparemment, c'était le sujet qui était inexplicable probablement...
"Si tu veux, mais pas longtemps, j'ai à faire après..."
À croire qu'elle était vraiment overbookée, la Lanfear en ce moment, mais c'était un peu le cas. Mais vu que cela ne lui prenait jamais longtemps... Tout l'ennuyait un peu en ce moment, sauf peut-être Monaenn... Pour l'instant du moins.
Elle se leva et se dirigea vers la porte de la chambre, qu'elle déverrouilla... Elle n'était sérieusement pas convaincue de la qualité de la nourriture servie en ce lieu, mais c'était surtout pour... Pour rien de particulier en fait. Serait-elle donc en train de se relâcher ?!

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Monaenn se dirigea à son tour vers la porte.
- Bah ! Je ne te retiendrai pas, bien sûr...
Elle descendit les escaliers. Les marches faisaient un bruit abominable ; elle s'efforça de se faire la plus légère possible, mais même un marchombre n'aurait pu être discret. Se bouchant les oreilles, elle avança très lentement... Et si elle le traversait ? Où tomberait-elle ?
Lorsqu'elle eut touché le sol normal, elle lui resta un petit couloir à traverser. Elle n'y avait pas fait attention la veille, toute fatiguée qu'elle était, mais les murs étaient décorés par de vieux portraits donc les plus anciens avaient sans doute plusieurs siècles derrière eux. Tout était si exiguë qu'on aurait cru que ceux-ci vous regardaient ; Monaenn ne leur porta pas plus d'attention dès lors, mais elle s'en souviendrait... ou pas.
Et enfin la coeur de l'auberge se révéla. Il y a régnait une très forte odeur d'alcool divers, quand bien même ce fut tôt le matin. Quelques ivrognes de la veille étaient toujours affalés sur leur table, parfois la choppe encore dans les mains, profondément endormis... Le patron passait un torchon sur les tables sales pour enlever graisse et poussière, mais plusieurs d'entre elles étaient propres et brillantes. Ce fut à l'une d'elle que Monaenn s'installa en réfléchissant à son petit-déjeuner.

Une table propre... Apparemment, cette auberge restait relativement propre, ce qui était plutôt un bien. Avait-elle faim ? Oui, un peu. avait-elle envie de s'alimenter ? Beaucoup moins... Elle avait envie de tuer encore, n'importe qui, peu importait comment. Ça viendrait en son temps, mais pour l'heure, il allait falloir faire preuve d'un minimum de sens d'humanité, ou plutôt de sens social... Tuer... ?! Juste après, elle se calmerait.

"Aubergiste, je veux un steak saignant, sauce au goût prononcé, et quelques légumes cuits à point. Si jamais je ne suis pas satisfaite, je vous promets un certain nombre de problèmes..."

Arrogante, elle ? Rien qu'un petit peu... "Et épais le steak, merci."
Elle regarda Monaenn commander, ne prêtant que peu d'attention à son choix... Manger si tôt le matin, quand la nuit avait été passée à vagabonder plus ou moins sur les toits, la mort passant de temps en temps dans son sillage ? Que pouvait-il y avoir de mieux que cette vie ? La réponse était simple, quand il n'y aurait plus personne.

Après un moment d'attente où rien ne se passa sauf peut-être un mouvement ou deux du côté des autres tables, arriva enfin son assiette accompagnée de celle de la jeune voyageuse...
"Bon appétit..."
Les légumes étaient trop cuits, mais le steak était parfait... Bof, ça passerait, elle n'aurait pas à tuer cet aubergiste avant un moment... Elle continua avec un coup de fourchette relativement actif.
"Et toi Monaenn, satisfaite ?"
Une insatisfaction de Monaenn réveillerait-elle sonenvie de tuer ? Possible, mais peu probable. Et puis il ne fallait pas non plus qu'elle soit en retard, même si ça n'aurait très certainement aucune importance... Quand on travaillait à sa façon, qui oserait jamais se plaindre de son retard ?!

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Monaenn ne fit aucun commentaire sur la commande de Lanfear. Certes, elle n'aimait pas la viande, et certainement pas le matin, mais ce n'était pas une raison. Elle sourit néanmoins lorsqu'elle entendit sa menace. Ca, ce n'était pas de la rigolade ! Elle prit le temps de réfléchir, parcourant des yeux la salle à la recherche d'une idée originale.
- Moi, je prendrais bien une pomme... et une poire... quelques abricots aussi... et un peu de thé à la menthe... Ca m'ira bien, je pense... Ah, et aussi un peu de pain !
[Moi qui déteste le pain...]
L'aubergiste acquiesça. Forcément, il s'inquiétait beaucoup moins de Monaenn, puisqu'elle s'était contenté de dire ce qu'elle voulait... Peut-être est-ce la raison de la disparition des abricots sur son assiette.
- Mais où sont les abricots ? s'étonna Monaenn.
L'aubergiste la regarda, presque surpris, puis il se baissa en disant :
- Ah ! Les coquins ! Ils ont roulé de votre assiette... Dire que c'étaient les derniers ! Quel dommage ! Mais je ne vous mettrais pas ça sur la facture.
Il n'aurait pas pu dire tout de suite qu'il n'en avait pas ? Monaenn, naïve, accepta de le croire... Ca ne devait pas être très agréable de servir des clients aussi tôt, surtout quand les hommes ivres dormaient encore.
Elle se pencha sur son assiette. La poire était cabossée, mais aucun fruit n'était parfait. Au moins, c'en était une vraie. La pomme, elle, était d'un rouge éclatant... Elle était très appétissante. Le thé était fort rafraîchissant, bien qu'il lui brûlât la langue... Enfin, elle goûta le pain, mais le reposa bien vite... Ici, il n'était pas pour lui : une mie trop peu existante, un croûte très dure et un très fort goût de levain... Pas de doute, ce n'était pas ce qu'elle préférait !
Lorsque Lanfear lui demanda si elle était satisfaite, elle répondit :
- Oui oui... Je n'aurais jamais dû commander du pain, ils ne savent pas le faire ici !
Grincement de dents de la part de l'aubergiste... Elle aurait dû s'en douter que ça ne lui plairait pas.

Ce n'était pas tellement qu'elle avait l'impression que Monaenn chicanait un peu son assiette, mais quand même. En même temps, on lui aurait servit une assiette comme ça, elle l'aurait brisée en tapant avec sur l'aubergiste, juste pour l'exemple, mais elle n'était pas Monaenn après tout. L'histoire des abricots ne l'étonna pas plus que ça, même si elle était persuadée qu'il devait y en avoir dans la cuisine de cette auberge, mais elle ne dit rien... Après tout, si Monaenn ne cherchait pas plus loin, elle non plus. Mais quand même.
Elle termina son assiette en silence, tandis que Monaenn s'occupait de ses fruits et de son thé. Oui, pour sa part, elle n'avait jamais mangé light, n'y jamais jamais vu aucune raison, et n'avait jamais pris un gramme de trop... Elle devait se dépenser beaucoup trop pour s'empâter il fallait croire. Ce qui ne lui posait strictement aucun problème.
En attendant, elle allait devoir y aller, sinon elle serait en retard. Elle n'était pas motivée, même si ça viendrait sur le chemin, elle se connaissait par cœur. Elle se leva, s'étira comme un chat au réveil, heureux d'avoir l'estomac plein...

"A une prochaine fois Monaenn je pense, je dois y aller. Bon fin d'appétit."

Elle paya son assiette à l'homme, avant de se diriger vers la sortie de l'auberge, royale...

[par contre, je pense que cette fois-ci le topic est terminé non ?]