Gwendalavir- un autre monde
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Gwendalavir- un autre monde

Un univers parallèle à notre monde, un autre style de vie. Devenez dessinateur, marchombre, mercenaire du chaos, guerrier ou tant d'autres choses encore
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

 

 Marche entre la vie et la mort

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
James

James


Nombre de messages : 3
Date d'inscription : 27/08/2010

Marche entre la vie et la mort Empty
MessageSujet: Marche entre la vie et la mort   Marche entre la vie et la mort Icon_minitimeDim 29 Aoû - 1:12

Bonjours, j'écris une nouvelle depuis quelque temps, et j'aimerais bien votre avis sur celle si. Elle n'a rien à voir avec les marchombres ou Pierre Bottero, mais je vous la livre tout de même ici.

A noter que le James de l'histoire n'a pas de rapport avec moi. J'aime juste beaucoup ce prénom

Marche entre la vie et la mort


Partie une

« La douleur infinie de celui qui reste,
Comme un pâle reflet de l’infini voyage
Qui attend celui qui part. »
Pierre Bottero






Il marchait.
Seul sous la pluie.
Perdu dans ses pensées.
Il marchait, tête baissée, longeant la gare. Dépassant un réverbère, puis un banc.
Ce lieu, qui normalement attirait tous les pendulaires pressés d’aller travailler, était devenu désert au fur et à mesure que la nuit avançait.
À la droite de James se dressaient les HLM. Cité endormie pour quelques heures, avant que la cloche des usines ne sonne le début de la journée.
Les rails à sa gauche vibrèrent, annonçant le passage d’un train de nuit.
Lueur au milieu des ténèbres.
Lui, continua sa marche, dépassant des arbres, longeant une route.
Petit carré de verdure au milieu de cette cité de béton.
Il avait emprunté tellement de fois ce chemin. S’extasiant sur la végétation qui l’entourait. Sur le soleil qui chauffait sa peau.
Mais ce soir le paysage n’avait plus la moindre importance.
Un vide immense s’était créé dans le cœur de James.
Même un amas de questions sans réponse ne réussissait pas à combler la plaie béante qui s’était ouverte en lui.
Il était maintenant seul. Seul au monde, dans cette vie qui avait perdu toute sa saveur. Tout son sens sans Vincent. Lui qui avait préféré partir. Partir pour ne jamais revenir.
Et James n’avait rien pu faire. Rien vu venir. Rien fait pour aider son ami à sortir de l’impasse.
Le temps s’était arrêté un dimanche matin, lorsqu’il l’avait retrouvé pendu au bout d‘une corde dans la grange de ses parents. Le visage bleu, et les yeux injectés de sang.
Depuis ce jour, il n’avait plus jamais réussi à trouver la paix. Poursuivi par ses démons, de jour comme de nuit. Se demandant sans cesse : pourquoi ? Pourquoi n’avait-il rien vu venir avant le moment fatal ? Et pourquoi Vincent n’en avait-il pas parlé ?
N’était-il pas son meilleur ami ? Son confident ?
Des questions sans réponse qui tournaient en boucle dans sa tête.
Il s’était refermé sur lui-même, ne mangeant plus, ne sortant plus, à part pour aller en cours. Des cours où il n’était pas totalement là, perdu dans ses pensées, revivant chaque instant de ce jour tragique.
Il avait tout vécu avec son meilleur ami. Depuis la naissance, ils avaient toujours été inséparables.

Ils avaient vécu toutes les épreuves de la vie ensemble, depuis la maternité, jusqu’à leur premier jour d’école. Puis leur premier chagrin d’amour.
Et aujourd’hui, il n’avait qu’une seule envie, c’était de le rejoindre.

Il marcha encore une bonne vingtaine de minutes.
Sortant petit à petit de la ville. Les grands immeubles se faisaient plus rares. Les quartiers devenaient de plus en plus chics. Villas avec piscine, Mercedes et autres voitures de luxe.
Les chiens dans les jardins aboyaient sur son passage et le vent hurlait dans les arbres. La pluie fouettait son visage. Comme si toute la nature s’était mise à lui crier : « C’est de ta faute
s’il est mort ».
Et tout bas, il répondait : « Je sais »
Puis la ville fit place à la campagne. Encore dix minutes furent nécessaires pour atteindre son but.
La grange, où il avait retrouvé son ami mort.
Il connaissait bien les lieux pour y être venu à plusieurs reprises. Le bâtiment était fermé avec un cadenas. Le code était toujours resté le même et James y entra sans trop de peine.
L’intérieur était immense avec un sol jonché de paille.
Plus aucun animal n’avait vécu ici depuis le jour de « l’accident ». Plus aucune récolte n’y avait été entreposée.
Tout s’était arrêté. Le père de Vincent prévoyait de vendre la ferme familiale pour mieux accomplir son deuil. Trop de souvenirs douloureux hantaient ces lieux.
Tout était si calme, si tranquille, comme si ce bâtiment avait oublié l’horreur qui s’y était produite.

Il s’avança vers le milieu de l’édifice.
Le rythme cardiaque de James s’était soudainement abaissé. Il était maintenant calme et serein. Il savait ce qu’il avait à faire. La panique l’avait abandonné.

De longues poutres consolidaient le toit.
C’est là qu’il avait décidé d’attacher sa corde.
James marcha vers le fond de la pièce, il s’y trouvait une deuxième pièce, plus petite, où étaient entreposés beaucoup d’ustensiles et d’outils.
Il y prit un longue corde et une double échelle.
Ce matériel avait été laissé à l’abandon, tout comme le reste du bâtiment.
Il revint au centre de la grange, installa l’échelle, puis y monta. Attacha solidement la corde à l’une des poutres en bois.
Il y fit un nœud coulant.
Une fois qu’il eut terminé, il la passa autour du cou.
Écarta les bras.
Ferma les yeux. Prit une grande respiration.
Et accepta sa mort.
Avant de se laisser tomber dans le vide.
À l’exact endroit, où Vincent avait trouvé la mort.


Il tombait.
Lentement mais sûrement vers sa mort.
Il ferma les yeux et se laissa guider vers sa fin.
Marcher vers la lumière.
Un choc.
Une douleur.
Soulagement d’avoir enfin réussi.
Les ténèbres l’envahissaient peu à peu.
Soulagement d’être enfin parti.

De ce qui suivit, il ne resta dans la tête de James que des souvenirs brumeux.
Une poutre qui se brise.
Un homme qui entre dans la grange.
Puis les cris, les appels à l’aide et l’ambulance.
Ce ne fut que le lendemain qu’il se réveilla dans une chambre d’hôpital.

Il eut à peine le temps de se remémorer les faits de la veille, de son échec, qu’un médecin entra dans la pièce.

- Bienvenue parmi nous, James.
Un médecin en chemise blanche se tenait devant lui.
Un sourire à trois mille dollars collé sur sa bouche.
- Tu nous as fait une sacrée peur, tu sais ?
« Non, sans blague, vous croyez ? » pensa ironiquement James.
Après un silence, le médecin continua :
- Nous avons réussi à éviter toute séquelle due à ton accident.
Maintenant le plus dur pour toi, ce sera de rester quelques jours ici, pour que l’on puisse te mettre sous observation et vérifier que tu n’as pas de dommages internes.
« Faux, le plus dur pour moi, sera de trouver un moyen de repartir, définitivement »
-Nous avons tout de même une personne qui aimerait te voir. Tes parents ne sont pas là, ils sont partis manger. Excuse-les, ils avaient très faim.
« Manger ? l’horloge murale qui lui faisait face indiquait quinze heures. Mais vas-y, mens-moi tant que tu y es. On sait tous les deux, qu’après une tentative de suicide, les patients n’ont pas le droit de voir de la famille avant quarante-huit heures. »
- Je te présente donc le Docteur Anne-Marie Rossmalt.
« Et m****, une blonde ; j’espère qu’elle n’est pas si bête qu’elle en a l’air »
- C’est un docteur spécialiste en psychopathologies du comportement humain.
« C’est comme ça qu’on appelle les psychologues maintenant ? »
- Je vais vous laisser seuls quelques instants, que vous puissiez bien discuter.
Le chirurgien sortit, le laissant seul avec la nouvelle venue.
- Salut, moi c’est Anne-Marie, et toi, c’est quoi ton prénom ?
« Le coup de la gentille doctoresse, qui essaie de comprendre les problèmes du jeune adolescent mal dans sa peau et persécuté. Mais ma vieille, c’est que tu as un temps de retard, Walt Disney a déjà fait un film là-dessus avec une jolie Happy End, tu arrives trop tard »

- Comme te l’a dit M. Monroe, j’aimerais te parler de ton « accident »….


Pendant quinze jours, James dut parler avec cette psychologue, chaque jour, pendant de longues heures.
Mais cela ne donna rien.
Beaucoup de questions furent posées
Peu de réponses furent données.

Au bout de ces deux semaines de thérapie, elle décida d’aborder cet adolescent perturbé d’une autre manière.
Elle organisait chaque année une semaine de marche dans les Alpes Valaisannes.
« Peut-être qu’en le mélangeant à d’autres personnes, il commencera à se confier ? » se demanda-t-elle.
Le lendemain matin, elle lui proposa de participer à ce camp.

- Si c’est le seul moyen pour que je puisse quitter cet endroit… Rétorqua-t-il.
- Oui, c’est le seul moyen qui s’offre à toi, pour l’instant.
- J’ai juste une petite question, qu’est-ce qui m’empêchera de me jeter du haut d’une falaise une fois là-haut ?




Seconde Partie :

« Soyez résolu devant la mort ; et la mort et la vie vous seront plus douces »
William Shakespeare

Premier jour.

Point de rendez vous : Gare CFF de Nyon. Direction : les hautes montagnes des Alpes.

Ils avaient tous rendez-vous là-bas. Tout ce petit groupe, prêt à affronter la montagne. À conquérir les sommets, quels qu’ils soient.
Pour la plupart, c’était avec joie qu’ils avaient accepté la proposition d’Anne-Marie.
Seul James venait sans en avoir réellement envie, poussé par la promesse d’être enfin libéré des séances de thérapie journalières dispensées par la psychologue.
Lorsqu’il arriva au point de rendez-vous, il eut un rictus de dégoût.
Là, attendaient quatre personnes. La moyenne d’âge ? La quarantaine ou plus.
« Cela promet… »
Il s’approcha, et lança un timide bonjour.
Tous se tournèrent vers lui pour lui serrer la main, ou lui faire la bise.
Il s’exécuta avec réticence, puis regagna sa place. Un peu en dehors du cercle que formait le groupe.
Ponctuellement, d’autres participants arrivèrent et vinrent grossirent les rangs.
Au final, une dizaine de marcheurs montèrent dans le mini-bus qu’Anne-Marie avait loué.
Un 4x4 les suivait, transportant leurs sacs et les quelques affaires supplémentaires dont ils auraient besoin durant leur marche.
Anne-Marie conduisait et la bonne humeur régnait.
James, lui, s’était installé tout au fond du van. Ses écouteurs vissés sur les oreilles, la musique à fond, essayant désespérément de ne pas entendre les chansons enfantines qu’Anne-Marie chantait tout en conduisant.
« Mais on est où ici ? Au pays des bisounours ? À l’école primaire ? La plupart d’entre eux sont fiers d’avoir surmonté un petit passage à vide dans leur vie. La crise de la quarantaine. Une remise en question au passage de la soixantaine… Est-ce qu’une seule de ces personnes a réellement déjà connu la mort ? J’en doute. »
Il les méprisait tous, la moitié faisait bonne figure avec leurs chaussures de marche toutes neuves et l’autre moitié arborait des habits totalement démodés et une bonne humeur enfantine qui le faisait presque vomir.
« On va marcher une heure et ils seront déjà fatigués, dégoulinant de sueur. Et je devrai m’arrêter, les attendre. Pendant que cette blonde qui conduit comme une m**** leur explique ce que la montagne exige. »
Dehors, les paysages se succédaient ; le plateau avait finalement laissé la place au Lavaux et ses vignes. La vue sur le lac Léman était magnifique. L’eau reflétait la lumière du soleil, la dispersant en des milliers de petits diamants scintillants.
Dans les écouteurs de James, les musiques continuaient à défiler. Des musiques qui lui rappelaient tous les bons moments passés avec son ami défunt. Et il ne put retenir une larme qui roula sur sa joue.
Puis, lorsqu’il en eut marre de faire tourner en boucle le disque de Keane, James enleva ses écouteurs et prêta une oreille distraite aux discussions.
Anne-Marie expliquait le tour qu’ils feraient.
Une boucle d’une semaine, avec quatre nuits en cabane et quelque 4500 mètres de dénivelés répartis en cinq jours de marche.
Quelques cols à franchir, un petit glacier à traverser. Rien d’insurmontable avait-elle précisé pour rassurer le moins sportif.
Les hommes bombaient le torse pour bien montrer qu’ils ne craignaient rien. Les femmes demandaient s’il y aurait des douches dans les cabanes…

- Non, il n’y aura aucune douche. Vous dormirez tous dans des dortoirs, et vous aurez une salle de bains collective et un abreuvoir pour faire votre toilette, précisa Anne-Marie.

Après cette intervention de la psychologue, les remarques reprirent de plus belles, mais James ne les écoutait déjà plus ; il s’était tourné vers la fenêtre et s’était plongé dans le paysage.
Le lac avait laissé place aux hautes montagnes escarpées des Alpes. Le van s’engagea alors dans une petite vallée. Un sentiment d’étouffement l’oppressa. La route suivait un torrent qui s’était formé grâce à la fonte des neiges.
Sur les sommets, la neige n’avait pas encore fondu.
Puis ils s’élevèrent, prenant une petite route sinueuse. Dépassant quelques mayens. Croisant un car postal.
Certains passagers du minibus se plaignirent même des virages et tout le monde dut s’arrêter pour que la doyenne de l’équipe puisse vomir ailleurs que sur la moquette du véhicule.
Les quadragénaires en profitèrent pour aller se soulager dans les buissons.
James, lui, était resté dans le van. Il était resté insensible à la beauté du paysage. Pour lui, tout était sombre, l’atmosphère pesante des montagnes l’étouffait et il se sentait mal.
Au bout de quelques minutes, ils purent enfin repartir. L’équipe continua à grimper. En dessous d’eux le vide grandissait. La route devenait de plus en plus étroite et lorsqu’ils croisaient un autre véhicule, l’une des deux voitures devait faire marche arrière jusqu’à un petit élargissement de la route.

Puis au bout d’une quinzaine de minutes, ils arrivèrent sur un alpage.
Anne-Marie gara le van, puis annonça qu’on était arrivé. Tout le monde commença à s’étirer, à bailler puis se décida enfin à sortir.
Chaque membre de l’équipe sortit son sac du 4x4. Ils mirent tous leurs grosses chaussures de marche, vérifièrent qu’ils n’avaient rien oublié.
Anne-Marie prit alors la parole :
- Nous voilà enfin arrivés. Nous débuterons notre longue marche sur le sentier qui se trouve derrière moi. La première étape nous permettra de rejoindre la cabane Fenestral à 2453 mètres d’altitude. J’espère que vous êtes en forme.
Tous les partisans piaffaient d’impatience de pouvoir enfin partir. Seul James se tenait à l’écart, il avait déjà mis son sac sur ses épaules, et était prêt à se mettre à marcher après le trajet en bus.
La psychologue donna le signal du départ et toute l’équipe se mit en mouvement.
Le seul adolescent du groupe prit très vite de l’avance pour se retrouver seul en tête. Il sortit son Ipod et remit la musique à fond.
Derrière, ça n’avançait pas beaucoup, ça papotait, ça s’extasiait devant la beauté du paysage, devant la grandeur des montagnes.
James, lui, marchait tête baissée, ne faisant pas attention à la nature qui l’entourait. Il était concentré sur lui-même, plongé dans ses pensées. Sentant son pouls contre sa tempe. Tentant de maintenir sa respiration à un rythme régulier malgré l’effort. Essayant de ne pas penser au vide qui se trouvait à sa gauche, aux dizaines de mètres qu’il dévalerait s’il décidait de s’y jeter.
Dans ses oreilles, les musiques s’enchaînaient les unes après les autres. Keane avait cédé la place aux Rascal Flatts, et la mélodie entraînante de « Every’s body changing » avait été remplacée par les paroles pleines de sens de « Why ».
Il repensait à Vincent, se demandant s’il lui pardonnait son échec. Se demandant si son ami était là, sur un petit nuage en train de le regarder, comme dans les films américains. Si son âme était toujours présente dans ce monde ou si toute son existence, tout ce qu’il était, avait été enterré dans son cercueil.
Il en vint à réfléchir à des questions bien plus profondes. Sur le sens de la vie. Son aboutissement.
James ne pouvait se résoudre à adopter la position scientifique et croire que l’âme humaine n’était que du pipeau. La théorie de la vitalisation le réconfortait plus. Car il savait que s’il commettait l’irréparable, il irait quelque part. Un endroit plus accueillant que la boîte en bois où finissaient tous les morts.

Derrière, les autres membres de l’équipe marchaient plus lentement, admirant le paysage magnifique qu’ils avaient sous les yeux. Ne prêtant pas attention au ravin qui s’ouvrait sur leur gauche, mais plutôt sur les gentianes qui commençaient à fleurir, sur la neige qui fondait et créait de petits ruisseaux, qui eux-mêmes redonnaient vie à ces montagnes trop longtemps gelées pendant les interminables hivers.
Tout le monde parlait. Tout le monde rigolait. Mais en queue de peloton se trouvait un homme silencieux. Il admirait le paysage, humant l’air pour y déceler tous les parfums. Profitant de chaque instant de cette marche. Malgré cela, il ne conversait avec aucun autre membre du groupe. Isolé dans sa contemplation.

Après deux petites heures de marche, l’itinéraire les fit abandonner le chemin à flanc de coteau pour les mener dans un pierrier. Il fallait entièrement traverser cette ancienne moraine pour atteindre le col qui leur permettrait de passer de l’autre côté de la montagne.
James, seul en tête, avait déjà atteint la moitié du parcours lorsque ses compagnons de marche commencèrent cette montée.
Le sentier était accidenté, et à certains endroits, il ressemblait à un escalier aux marches inégales. Les gros rochers venaient quelquefois entraver totalement la progression du groupe et il fallait les contourner en en escaladant d’autres plus petits.
C’était devenu un parcours du combattant ; derrière, on se passait les sacs pour faciliter l’avancée de tout le monde. Mais devant, James ne pouvait compter que sur lui. En forme physiquement il ne souffrait pas trop de cette montée. Il réfléchissait sans cesse aux questions sans réponse qui tournaient en boucle dans sa tête.
Il n’en résultait que colère et injustice. Et il faisait sortir tous ses sentiments en marchant encore plus vite. En escaladant les plus gros rochers, en prenant les voies les plus difficiles.

Lorsque James arriva enfin au col, il ne s’arrêta même pas pour admirer ce qu’il venait d’accomplir, ou même pour reprendre son souffle. Il continua, s’attaquant à la descente sur un sentier sinueux et pentu. Les gros bocs de pierre avaient cédé la place à de fins graviers. Et ceux-ci se détachaient fréquemment du sol pour dévaler la pente en entraînant d’autres, ce qui formait de mini avalanches. C’était l’endroit le plus dangereux du circuit. Plusieurs accidents y avait été signalés. Mais l’adolescent n’en avait cure. Il dévala le chemin ne prêtant aucune attention aux petits cailloux qui se détachaient sous ses pieds.
Après un bon quart d’heure, le groupe de derrière arriva au col.
À ce moment, Anne-Marie proposa de boire quelque chose, et pendant que chacun posait son sac et en sortait une bouteille d’eau, elle se mit à scruter les parages pour essayer d’apercevoir James. Elle l’avait laissé partir bien trop en avance, et cela comportait de gros risques.
Il n’y avait qu’un seul chemin et il ne pouvait pas se perdre, mais la montagne est dangereuse, et elle se fustigea d’avoir commis cette erreur.
Durant cette pause, Jean-Luc, le vieux monsieur qui avait marché pendant tout ce temps sans ouvrir la bouche, regardait lui aussi le paysage. De gros nuages commençaient à affluer sur les montagnes. Dix minutes plus tôt il n’y avait rien et maintenant, ces nuages noirs et menaçants restaient bloqués sur la cime de ces géants de pierre.
L’orage approchait, et tout le monde se remit en marche. La descente fut longue, et même si quelques avalanches de pierre effrayèrent les femmes, aucun accident ne fut à déplorer.

Devant, James arriva en vue de la cabane en fin d’après-midi. Ses jambes étaient lourdes et il était bien content d’être enfin arrivé. Il ne voulait pas se l’avouer, mais le rythme soutenu auquel il s’était astreint durant toute la journée l’avait épuisé.
Et maintenant il s’approchait enfin de ce refuge, perché sur la crête de la montagne; elle ne payait pas de mine avec son toit rouge et ses volets verts. Elle était entourée de gros rochers, comme si un hélicoptère était venu la poser directement à cet endroit, et que la montagne avait dû faire avec.
Il s’assit sur un de ces rocs, posa son sac, et attendit.

Derrière, on voyait avec soulagement arriver la fin de cette première étape. Le dernier kilomètre fut laborieux, mais ils y arrivèrent finalement, avec une bonne demi-heure de retard sur James.

Lorsqu’ils furent tous là, ils prirent possession du dortoir.
Chacun commença à s’installer, déballant quelques affaires. Certains allèrent repérer l’abreuvoir où ils pourraient se laver un peu. D’autres faisaient un passage par les toilettes rustiques de montagne.

On s’activait en cuisine, et James fut réquisitionné pour dresser la table à l’intérieur.
Il le fit à contrecœur, fuyant une fois encore toute tentative de conversation.
Le repas fut rapidement prêt et tous prirent place autour de la grande table en bois. La nourriture était simple mais bienvenue après une journée de marche.
Lorsque le repas et la vaisselle furent terminées, James s’isola et s’assit sur un des rochers qui surplombait la falaise.
Et là, il admira le paysage pour la première fois de la journée.
Il regarda le ciel s’embraser sous un magnifique coucher de soleil.

Quelques mots de Saint-Exupéry résonnèrent à ses oreilles :
« Tu sais … quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil…
- Le jour des quarante-quatre fois, tu étais donc tellement triste ? »



Deuxième jour :

« Le temps emporte tout, qu’on le veuille ou non, le temps emporte tout.
Le temps emporte tout, et tout ce qui reste à la fin, ce sont les ténèbres.
Parfois au cœur des ténèbres, on retrouve d’autres personnes.
Et parfois au cœur des ténèbres, on les perd à nouveau… »
Stephen King



Le lendemain matin, le lever fut dur pour tous. Chacun passa à de l’abreuvoir pour se rincer un peu la figure.
Puis d’un pas mou, rejoignit la grande salle à manger où des belles tranches de pain complet attendait le groupe dans de petites corbeilles en bois tressé.
Tout le monde tartina ses tartines de confiture, et engloutit avec bonheur son petit déjeuner.
Personne ne parlait. Le sommeil était encore bien présent dans les yeux de chacun. Et il fallut un moment pour qu’il y disparaisse.
Lorsque le groupe fut repu, et que les sacs furent bouclés, la marche reprit.
Alors que James prenait de la vitesse et créait une cassure avec le reste des marcheurs, Anne-Marie l’interpella :
- James, aujourd’hui, j’aimerais bien que tu reste avec nous. La montagne peut être dangereuse si l’on est seul.
Mais son intervention resta sans réponse. Il l’avait purement et simplement ignoré.
C’est alors que Jean-Luc sortit de son mutisme :
- Ne vous inquiétez pas, je vais aller avec lui. À deux ce sera plus sûr.
Le vieux monsieur accéléra le pas pour arriver à hauteur de l’adolescent.
Puis ils marchèrent les deux en silence.
James avait la tête baissée comme le premier jour.
Jean-Luc regardait le paysage, et vivait pleinement chaque seconde de ce voyage.
Après quelques heures de marches et autant de tentatives infructueuses de la part du doyen de l’équipe de débuter une discussion, ce fut l’adolescent qui prit la parole :
- Pourquoi avez-vous insisté pour m’accompagner ?
- Pour avoir de la compagnie. Répondit Jean-Luc
- Parce que vous n’en aviez pas, hier, entouré par tout le groupe ?
- J’étais mort au milieu des vivants.
- Qu’est ce que vous connaissez de la mort, vous ? Le ton de James était devenu méprisant et cassant.
- Et puis, moi, je ne voulais pas de votre compagnie. Je ne voulais que le silence et la solitude.
- Pourtant c’est toi qui a commencé cette charmante discussion.
Pris au piège, James renonça à argumenter et continua sa marche en silence.
Le chemin était devenu plus escarpé, et il montait maintenant à flan de coteau. Plus aucun arbre ne poussait dans les environs. Il n’y avait que les pierres. Grises et ternes.
- Hier soir tu étais donc si triste ? Cette fois c’était le vieux monsieur qui avait commencé la discussion et pour son plus grand plaisir, l’adolescent répondit.
- Qu’est ce que vous avez dit ?
- Hier, soir, tu étais donc si triste pour regarder ce coucher de soleil ?
- Ne peut-on pas admirer le paysage sans être psychanalysé ?
- Pas lorsque l’on repense sans cesse au quarante-quatre coucher de soleil du Petit Prince de St Exupery.
- Comment savez-vous à quoi je pensais ? Son ton avait changé. De méprisant et moqueur, il avait cédé la place à de la peur et de la surprise.
- Tu as murmuré ce passage du Petit Prince dans ton sommeil.
- Qu’avez-vous entendu d’autre ? Demanda l’adolescent complètement paniqué.
- Ah ? parce qu’il y aurait aussi autre chose ?
- Euh… Non rien, rien du tout. Il essayait de se reprendre le mieux possible, mais il savait très bien que son interlocuteur n’était pas dupe.
Un silence gêné s’installa, puis Jean-Luc reprit :
- Cela fait depuis hier que je me demande ce qu’un adolescent fait avec une bande de vieux comme nous.
- Et moi, je me suis toujours demandé comment un vieux comme vous pouvait encore tenir debout, mais j’évite de le clamer sur tous les toits.
L’octogénaire ne se formalisa pas de cette insulte, et continua.

- Es-tu fâché contre quelque chose ?
- Oui, contre vous qui ne cessez pas de parler, et qui m’empêchez de réfléchir.
- Réfléchir à quoi ?
- À rien.
- Alors si tu ne réfléchis à rien, je peux continuer à parler.

Encore une fois pris au piège, James se retrancha dans son silence.
Et la marche continua. Après le chemin à flanc de coteau, ils arrivèrent dans des alpages. Un chemin qui se dessinait en pente descendante, entre les fleurs et les bouses de vaches.
Le soleil tapait fort, et c’est avec bonheur qu’ils atteignirent en fin de matinée l’orée de la forêt.
Puis soudain au milieu de la nature,
- Tout à l’heure vous m’avez demandé si j’étais en colère. Oui je le suis. Je suis en colère, une colère sourde qui gronde dans mon cœur, et je ne sais même pas contre qui elle est dirigée. Est-ce contre la fatalité ? la maladie ? Ou même la vie elle-même ? Je suis en colère parce qu’il y a trop de questions dans ma tête, et pas assez de réponses. Je suis en colère, parce que maintenant je suis seul. Je suis en colère, parce que je suis encore ici. Je suis en colère, parce que moi, je n’ai pas réussi.

Le trop-plein. Ça arrive sans prévenir, et quand on ne peut plus se retenir, on explose. On se dévoile, on s’ouvre. Et quelquefois, au milieu des ténèbres, on retrouve d’autre personnes, pour partager le surplus d’émotions que l’on ne peut plus garder en nous.

- Qui était-ce ?
- Comment savez-vous que…
- Qui était-ce ? répéta Jean-Luc plus fermement.
- Un ami.
- Emporté par une maladie ?
- Emporté par le désir de mourir. Il était atteint d’une personnalité borderline. Cette maladie, qui lui a fermé le cœur, l’a empêché de ressentir le bonheur, et l’a conduit à la mort.
Quelques minutes de silence s’installèrent, puis, n’en pouvant plus, James repris.
- Je n’ai pas réussi à surmonter cette perte, et j’ai décidé de le suivre.
- Et que c’est-il passé ?
- La poutre n’était pas assez solide. Quand elle a cassé, ça a alerté les voisins qui ont appelé les secours. Et après quelques jours de coma, je me suis retrouvé dans le bureau d’Anne-Marie.
- Tu dis qu’il avait une personnalité borderline, qu’est ce que c’est ?
- C’est une névrose qui apparaît à l’adolescence, et qui entraîne des pertes de repaires avec la réalité, de l’hyperémotivité, et de l’automutilation, ainsi que des tendances suicidaires.
- Et ton ami était atteint de tous ces symptômes ?
- Oui, Vincent l’était.
- Tu m’as dit que tu étais en colère. N’as-tu jamais pensé pardonner ?
- Il faudrait d’abord que je sache contre quoi je suis en colère ? Et non, je pense que je ne pourrai jamais pardonner.
- Si tu veux réellement continuer à avancer, pardonne à tes adversaires, et laisse les sur le côté s’ils sont incapables de te suivre. Car sinon ils seront que des boulets pour toi, t’empêchant de progresser sur le chemin du bonheur.
Viens, arrêtons nous ici. Il faut que je me repose, et que nous mangions un peu.

Toute cette conversation s’était passée calmement. Sans sanglot ni explosion de rage.
Et pendant que les deux marcheurs déballaient leurs sandwichs, la nature et le silence reprirent leurs droits. La forêt avait quelque chose de mystérieux. Attirante et inquiétante à la fois. Sombre et lumineuse. Son sol était jonché d’épines de pins séchées par le soleil. Les broussailles poussaient un peu partout. Et au loin, dans ce paysage de brins et de vert, le chemin continuait, toujours plus loin, vers la fin de cette deuxième étape.
Quand ils eurent fini de manger, les deux hommes reprirent la route.
La discussion de la matinée laissa place au silence.
Pendant toute la seconde partie de la marche personne n’ouvrit la bouche.
Chacun regardant de son côté cette forêt si belle et si intrigante.
Le chemin commença à descendre, la forêt s’éclaircit un peu, et on pouvait apercevoir un torrent en contrebas. Puis, de l’autre côté du cours d’eau, la montagne remontait, droite et fière. Les sommets encore enneigés et nimbés d’un halo de lumière éclatante étaient splendides.
Chez nos marcheurs, les pieds commençaient à se faire lourds. Et c’est avec soulagement qu’ils aperçurent enfin la cabane.
En fait, ce n’était pas seulement une mais plusieurs habitations qu’ils découvirent à leur arrivée. Faits de rondins ; il y avait le réfectoire, et les deux dortoirs. L’endroit était magnifique, au centre de cette forêt, avec une vue imprenable sur les montagnes. En cette fin d’après-midi, les rayons du soleil jouaient à travers les arbres.
Quand tout le groupe fut arrivé au refuge, on soigna les ampoules naissantes. On s’enduisit d’après-soleil pour les petits malins qui n’avait pas mis de crème solaire le matin.
L’endroit était calme et quand tout le monde fut installé dans le dortoir, on sortit les tables. Le repas ? les éternelles pâtes bolognaises que l’on trouve dans les cabanes de montagnes. Et ce soir, les conversations allèrent bon train. Cependant nos deux compagnons restèrent néanmoins silencieux.
Après le dîner, le petit groupe se sépara et chacun alla vaquer à ses activités.
Jean-Luc se retira et marcha quelques minutes en direction du torrent.
Réfléchissant à la conversation qu’il avait eue avec James.
« Un adolescent bien sympathique quand on sait lui parler. Un enfant qui a déjà trop souffert dans une vie qui n’a pas vu assez d’hivers. »
Au bord du cours d’eau, il s’assit sur une pierre et regarda l’eau défiler devant lui.
« La vie est une rivière. L’eau file toujours plus rapidement en direction de la fin. Et aucune possibilité de revenir en arrière. On suit le chemin ou on en sort. On ne peut s’arrêter ou prendre une pause sur l’océan des âges. »

Troisième Jour

Life will not a stand, but you can choose to get back up.
(Jackie Chan)

« Don’t give up. Don’t lose hope. Don’t sell out ».
(Christopher Reeve)

In a world filled with hate, we must still dare to hope
(Michael Jackson)

Le lendemain matin, toute la troupe se leva de bonne heure. Tout le monde était de bonne humeur et les conversations allaient bon train. On lançait quelques piques contre ceux qui avaient ronflé. On dépliait les cartes pour visualiser la journée de marche.
Les deux solitaires se tinrent en dehors de cette agitation. L’un mettant la table, l’autre refaisant son sac avant le départ.
Ce jour-là on partit de bonne heure, un long itinéraire avait été prévu jusqu’à la cabane Rambert.
Tout naturellement, les deux groupes de la veille se reformèrent. Ils se mirent en marche. Et rapidement l’écart se creusa.
Traversèrent la rivière. Un chemin à flanc de coteau qui se découvrait petit à petit au timide lever du soleil. Des fleurs poussaient ça et là, mais les arbres avaient disparu.
Les deux marcheurs gardaient encore le silence.
Puis au détour d’un tournant :

- Est ce que tu aimes la vie ? questionna Jean-Luc
- Après tous ce qu’elle m’a fait ? Comment croyez-vous que je puisse l’aimer ? Après ce qu’elle a fait à Vincent ? Sans s’en rendre compte, il avait commencé à crier, puis en bafouillant, il reprit, :
- Vous me parliez de pardon hier. Comment puis-je pardonner à la vie ? Non, je ne peux peut-être pas me venger de la mort, mais je ne lui pardonnerai sûrement pas.
- Il y a quelques années je suis allé en Afrique du Sud. Quand j’ai vu Nelson Mandela pour la première fois, je me suis dit : Comment peut-on passer trente ans de sa vie en prison et en ressortir prêt à pardonner à ceux qui vous y ont enfermé ?
- Vous parlez d’un homme exceptionnel. Moi je ne suis qu’un adolescent. Je suis resté bien trop longtemps sur le bord du chemin. Je ne peux pas me relever.
- Tu ne peux pas te relever, ou tu ne veux pas te relever ?
- Je…
- La vie est une question de volonté. Tout est possible, tant que tu t’en donne les moyens.
- Tout est une question de chance. Si l’on naît en Suisse ou en Afrique, tout est différent. Les parents, les amis.
- Toi, tu as eu la chance de naître ici. Tu est le maître de ton destin. Deviens le capitaine de ton âme, pour mener à bien ton vaisseau à travers ta vie, à travers ta Voie.
- Et qu’est ce que c’est que la vie ? Qu’est ce qu’on fait sur terre ? À par s’entretuer… et se mentir ?
- On recherche le bonheur, tout simplement.
James eut un rire ironique, puis riposta :
- Et si le bonheur ne vient pas ?
- On continue de chercher.
- Ou l’on arrête de chercher. On quitte le chemin, pour traverser la frontière de la vie. On la traverse, et on part de la découverte de ce qui y a derrière. De ce qu’il y a derrière le voile. La vie est si fragile. En une seconde, tout peut s’arrêter. Quelqu'un peut nous quitter en un clignement de cils. Une parole malheureuse, et celui que l’on considérait comme un frère a sauté. La vie n’est pas belle, elle est tragique. Et ces tragédies, je ne comprends pas pourquoi les gens continuent de les vivre chaque jour, alors qu’il pourraient tout simplement partir à la découverte d’un autre monde.
- Tu parles comme s’il y avait quelque chose après la mort, mais qu’en sais-tu ?
- Peut-être parce que je n’arrive pas à imaginer que si je meurs, je disparaîtrais. Peut-être que ça me réconforte de savoir que Vincent est quelque part. Ailleurs que dans un cercueil en bois, en train de pourrir. Peut-être que c’est parce que j’ai besoin d’avoir quelque chose à quoi me raccrocher.
- C’est pour cela que tu as tenté de te suicider ? Parce que tu ne croyais plus en la vie ?
- Oui, je ne crois plus à la vie. J’ai perdu un ami, un frère. Maintenant je suis nu, au milieu des ténèbres qui m’enserrent. Je suis seul dans un monde froid et gris. Je ne crois plus en rien, à part peut-être à l’espoir que j’ai de ce qui se trouve derrière les voiles noirs et mystérieux de la mort.
- Mais tu n’es pas mort. Tu es là. C’est peut-être le hasard. C’est peut-être le destin. Mais tu as une deuxième chance. Tu es le boxeur qui a fléchi un genou face à son adversaire, mais qui peut toujours se relever. Et préparer son prochain coup. Tu as encore cette chance, alors saisis la. Ne tombe plus à terre. Ne simule pas ton K.O. parce que tu n’as pas envie de te prendre des coups. Parce que c’est cela la vie. Prendre des coups.
Il s’arrêta de parler. Regarda autour de lui, et repris :
- Tu es en train de marcher, n’est ce pas ?
- Oui, répondit l’adolescent un peu déboussolé
- La marche c’est comme la vie. On se dépasse. On sue et l’on fait des choses qui paraissent quelquefois ennuyeuses. On se demande pourquoi l’on fait autant d’efforts. Et lorsque l’on arrive au gîte, c’est souvent pour y trouver de vieux matelas et une nourriture un peu banale. Mais au final, le vrai but, c’est le voyage lui-même. Le but, ou l’endroit d’où tu es parti n’ont pas d’importance. Que tu aies fait une simple marche à la campagne, ou que tu aies gravi les plus hauts sommets, il n’y a aucune différence. Ce qui est important, c’est ce que tu as fait pendant tout le trajet. Ce que tu en as appris.
Durant toute ma vie, j’ai été perché au sommet, jouant avec le vent, fleuretant avec le bonheur. Puis un jour, une bourrasque bien plus importante que les autres m’a fait tomber. Et maintenant je ne sais pas si j’aurai le courage de gravir à nouveau un jour cette montagne.
On doit être capable de tirer un trait sur son passé. Et être capable d’accepter le fait que le soleil ne puisse pas briller tous les jours. Et lorsque la tristesse et le malheur obscurcissent l’horizon, il faut se souvenir que c’est seulement quand les ténèbres nous entourent que l’on aperçoit les étoiles. Il faut se laisser guider par elles.
James intervint :
- J’ai peur de faire des erreurs, de suivre les mauvaises étoiles et de souffrir encore plus que ce que je n’ai souffert.
- N’aie pas peur de faire des erreurs. De tomber ou de trébucher. Car le plus souvent, c’est lorsque l’on accomplit les choses qui nous effraient le plus, que l’on est le plus fier de soi.
N’ayant plus rien à se dire, les deux marcheurs se turent. Et pour la première fois depuis longtemps, James leva la tête et regarda autour de lui. Le soleil commençait à s’immiscer en lui. La carapace de son cœur commençait à fondre.
Ils traversèrent un pierrier. Et continuèrent à grimper. Le soleil tapait fort. Jean-Luc sortit sa casquette. La pente était devenue abrupte, ce qui rendait la marche très difficile.
Les rochers se faisaient de plus en plus gros. Puis, après avoir surmontés tous les difficultés, ils arrivèrent enfin sur un replat rocheux. De là, ils aperçurent la cabane. Elle était cachée, contre la montagne. Solide et minuscule. On aurait dit que rien ni personne n’aurait pu la bouger de cette place. De cet endroit, d’où elle pouvait contempler toute la vallée en contrebas. Lorsqu’ils furent enfin arrivés au sommet, ils s’assirent sur un rocher. Et observèrent en silence le paysage. Puis finalement :
- Finalement on en a gravi une de montagne. Mais je ne peux me reposer qu’un instant, car il en reste beaucoup d’autres à gravir.

Revenir en haut Aller en bas
Lanfear
Mercenaire accompli
Lanfear


Féminin
Nombre de messages : 862
Guilde : Mercenaire du Chaos
Armes ? : Ses charmes ? (xD) non euh, plutôt sabre et autres objets du même acabit
Race : Alavirienne
Date d'inscription : 14/01/2007

Marche entre la vie et la mort Empty
MessageSujet: Re: Marche entre la vie et la mort   Marche entre la vie et la mort Icon_minitimeDim 29 Aoû - 10:57

Wahou... Ce texte...

J'ai été facilement immergée dans le personnage, c'en est troublant. Même si c'est assez logique.

Je n'ai pas noté d'erreurs, les tournures sont assez simples mais restent efficaces. C'est un très beau récit, franchement j'aime beaucoup...

(Je vois pas comment expliquer plus pourquoi j'aime bien... même si je sais que ça peut aider :s)
Revenir en haut Aller en bas
Jilano Alhuïn
Chevaucheur de brûmes
Jilano Alhuïn


Masculin
Nombre de messages : 886
Age : 29
Guilde : Marchombre
Armes ? : Gant d'ambarinal et dagues
Race : Faëlle
Date d'inscription : 09/05/2009

Marche entre la vie et la mort Empty
MessageSujet: Re: Marche entre la vie et la mort   Marche entre la vie et la mort Icon_minitimeDim 29 Aoû - 15:39

un grand bravo j'ai adorer
Revenir en haut Aller en bas
http://planete-stargate.forumgratuit.org/
Contenu sponsorisé





Marche entre la vie et la mort Empty
MessageSujet: Re: Marche entre la vie et la mort   Marche entre la vie et la mort Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Marche entre la vie et la mort
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Entre GRRRR et jurons divers... [PV Ceri][Al-Far]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Gwendalavir- un autre monde :: Zone hors-RPG :: Création-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser