Instant nocturne [PV. Kaley]

Keriss inspira longuement l'air humide de la forêt. Elle se sentait bien.
Elle se déplaçait souplement à travers la forêt, ne faisant craquer aucune branche sous ses pas. Le silence était simplement percé par le bruit du vent dans les feuillages et les branches. Ce même vent qui soufflait autour d'elle, jouant avec ses cheveux et caressant sa peau. Elle s'arrêta un instant et ferma les yeux. Le soleil se couchait, au loin, diffusant des lueurs allant du rose à l'oranger. Rouvrant doucement les paupières, elle entreprit d'observer un arbre, qui se dressait devant elle. Posant sa main sur l'écorce, elle sourit. Un sourire simple devant la Liberté qui s'offrait à elle, qu'elle parcourait depuis si longtemps, sans jamais s'en lasser.
La jeune Marchombre attrapa une branche et appuya la plante de son pied droit contre le tronc. Elle poussa doucement et s'éleva. Ses mouvements étaient lents, fluides. Elle savourait la sensation de l'écorce contre sa peau, la ruguesse du tronc dont elle profitait à chaque mouvement, le vent qui soufflait de plus en plus fort, accentuant son sourire.
Les branches défilaient autour d'elle, s'affinant au fur et à mesure qu'elle grimpait. Arrivée à la cime, elle fixa le paysage qui s'offrait à elle. Le soleil disparaissait à l'horizon, la lumière en émanant était magnifique. Quelques nuages formaient des ombres roses, et le ciel était orangé.
Keriss resta longtemps immobile, face au dernier appel de l'astre solaire.
La lumière diminua, jusqu'à faire place à la nuit. A la place qu'avait tenu le soleil quelques minutes plus tôt, se trouvait maintenant la lune.
La jeune Marchombre contempla le spectacle qu'elle offrait avec des yeux emerveillés. Elle ne se lassait jamais de la vision de la mère de la nuit, des étoiles et du silence.
Rien ne rompait le calme de l'instant magique. Le vent soufflait maintenant doucement, et Keriss savourait chaque courant d'air la traversant avec bonheur.
Le sourire installé sur ses lèvres s'étendit. Un sourire calme et serein.
Chaque nuit, elle observait la lune, et chaque nuit, elle s'en émerveillait.
Les étoiles semblaient lui sourire et elle écoutait leur doux chant. Elle ne dit rien. Elle n'avait rien à dire. Combien de fois avait-elle confié ses pensées aux astres célestes, en quête de réponses ? Combien de fois ces moments aussi magiques qu'intenses l'avaient-ils émerveillés, encore et encore ?

Un bruit se fit entendre, plus bas, rompant la quiétude de l'instant. Keriss baissa les yeux. Et écouta. Quelqu'un arrivait. Personne d'autre que les mercenaires du chaos ne l'inquiétait réellement, et les mercenaires ne se promenaient pas par ici. Il fallait toutefois qu'elle reste prudente.
Elle ne dit rien, attendant que l'inconnu se fasse connaître, sur ses gardes.

Cela faisait deux jours maintenant, deux jours qu'elle se retrouvait confinée dans cette chambre pourtant loin d'être moche, au contraire d'ailleurs, le confort était au rendez-vous. Seulement, elle avait profité au maximum de sa plénitude et comme elle se sentait au meilleurs de sa forme, elle décida enfin de partir. Elle ressentit tout de même un pincement au cœur lorsqu'elle quitta sa ville natale, elle eu une pensée pour ses vrai parents, puis, un larme traça son chemin sur sa joue. D'un revers de main, elle l'effaça et monta sur sa jument avec souplesse. Elle aussi avait du se reposer, elle avait l'air en pleine forme et elle piaffait d'impatience de continuer le voyage. Cependant, il fallait d'abord traverser le Pollimage puis, passer les Dentelles vives. Malheureusement, Kaley devait se séparer de sa jument, le risque était trop grand et il était difficile pour un cheval de si aventurer. L'idée de se séparer d'elle lui déchirait le cœur mais, elle se promit qu'elle rentrerai bien vite à Al-chen. Elle talonna les flan de son coursier, qui au contact des bottes de cuirs de la marchombre partit au galop. Le vent lui lécha agréablement le visage, lui rapportant divers odeurs qui lui titillait les sens. Comme à chaque fois qu'elle galopait, Kaley se sentait renaître. Les paysages défilaient devant ses yeux, devinrent flou pour ne plus êtres que des taches de couleurs. Enfin, après vingt minutes de chevauchés, le fleuve Pollimage fit surface. Il était grand et l'eau froide, près du bord attendait un petit navire, Kaley s'en approcha. Elle se renseigna un instant, puis revint vers sa jument, ou un garçon grassouillet l'y attendait. Elle lui donna quatre pièces d'ors, caressa un instant Lune tout en lui murmurant quelques mots rassurant et reparti vers le bateau.
La traversé ne dura pas longtemps et Kaley remit vite les pieds sur terre. Du Pollimage jusqu'à la passe de la goule, le voyage dura trois jours, puis après avoir traversée les Dentelles vives, la jeune fille s'arrêta à Ondiane. Grâce à quelques connaissances, elle put dormir dans un bon lit. Ne voulant pas s'éterniser avec les rêveurs, elle repartit le lendemain en direction de la forêt de Baraïl. Le premier jour, il ne se passa rien de spécial, elle marchait sans se fatiguer, se contentant de pains d'herbes. Seulement, le deuxième jour elle croisa le chemin d'un tigre des prairies. Il était encore tôt et malgré le froid, la jeune femme restait immobile, allongée par terre avec pour seule couverture une simple serviette. Le souffle régulier, les yeux fermés on aurait pu croire qu'elle dormait à point fermé. Mais, il y avait bien longtemps que la jeune fille avait quitté les bars de Morphée. Soudain, un grognement se fit entendre, a peine inaudible pourtant, la marchombre l'avait entendu. La bête était encore loin mais, le grognement suivant indiqua que le tigre se rapprochait. Sans doute avait-il flairé sa trace, en tous cas elle devait se préparer pour l'affrontement. D'un geste fluide, elle se mit debout, poignard sortit et sens en alerte. Elle vit la masse sombre s'approcher, de plus en plus, jusqu'à n'être plus qu'a un mètre d'elle. Dans un dernier rugissement, celui ci bondit sur sa proie. Toute griffe dehors,ses pattes tendues vers la tête de la fille, celle ci l'esquiva sans problème et planta son poignard dans le poitrail de l'animal. Il était mort bien avant d'avoir touché le sol. Puis, sans attendre elle reprit son chemin et atteignit la forêt vert le soir.
Perchée en haut d'un arbre, elle se délecta du couché de soleil, puis redescendit pour continuer son chemin parmi les arbres. Elle toucha l'écorce sinueuse d'un bouleau et respira l'odeur du bois, elle était heureuse. Elle ne craignait pas grand chose ici et elle marcha donc sans se soucier du bruit de ses pas sur les feuilles. Elle regarda dans le ciel, admirant la surface de la lune. C'est là qu'elle aperçut une silhouette. Tout d'abord elle e discernait pas grand chose, puis après plusieurs minutes d'observation ses doutes furent approuvés. Elle resta sans bouger, la main posée sur le manche de son poignard. Elle parla d'une voie calme malgré la tension:

-Qui est là ?

[HJ: je ne savais pas vraiment quoi mettre, alors même si c'est long le tien est bien meilleur.]

-Qui est là ?

La voix était basse, calme. Keriss devina cependant que l'inconnue -puisque c'était une voix féminine- était sur ses garde autant qu'elle-même.
Keriss ne répondit pas. Elle attrapa une branche et se laissa tomber. A quelques mètres du sol, elle s'accrocha à une deuxième, ne la garda pas plus d'une seconde, et aterrit en face de l'inconnue. En observant sa main posée sur le manche de son poignard, la jeune marchombre se figea. Elle se tint à une distance prudente, prête à réagir au moindre mouvement.
Elle détailla la nouvelle venue. La première chose qu'elle remarqua fut ses yeux d'une étranges couleurs, semblant rougeoyer à la lueur de la lune, ressortant sur la pâleur de sa peau, et de ses longs cheveux noirs encadrant son visage fin. Keriss ne lui donnait pas plus d'une vingtaine d'années. Elle était fine, bien taillée, Keriss l'entrapercevait à travers ses vêtements foncés.
Elle-même portait sa tenue de cuir noir, dans laquelle elle se sentait plus à l'aise que dans n'importe quels autres habits.
L'inconnue bougea d'un centimètre, se décalant légèrement. Cela suffit à Keriss pour remarquer la grâce de ses mouvements et la fluidité de ses gestes.
Elle fronça imperceptiblement les sourcils. Les rencontres de ce genre se passaient toujours ainsi, au début. Pour ce qui était de la suite... Elle grimaça en se rappelant toutes celles qui avaient mal tournées.
Néanmoins, la question de l'inconnue semblait lui souffler que celle-ci n'était pas dangereuse. Du moins, pour l'instant.
Keriss s'avança, dévoilant sa silhouette sous le clair de lune.
- Keriss. Elle marqua une pause, avant de continuer. Et toi ?
Sa voix était indéchiffrable, à peine un souffle, douce quoi que ferme.
Elle attendit...


[Tu rigoles, ton message est super ! =) ]