demande de soins

Panta avait changé depuis sa rencontre avec la mercenaire il y a environ deux mois. Ça avait aussi été le jour de sa séparation avec la panthère sa seule famille. Elle était couverte de blessures. Certaines de sa rencontre avec cette mercenaire, mais surtout celles de son entrainement intensif qu'elle s'imposait depuis ce jour pour se venger. Elle ne dormait plus que deux heures par nuit mais elle rêvait toujours de la même chose : le mercenaire en train de l'égorger et la panthère qui fuit après l'ordre que Panta lui avait adressé. Elle était devenu prévoyante au possible mais surtout elle n'arrêtait pas de progresser car elle se retrouvait tout le temps seul.

Les deux heures de course qu'elle s'était imposé la rendaient malade mais elle réussit à les faire. Mais à ce moment elle entendit un bruit dans les fourrés.

Qui est là?!

Comme personne ne répondait elle sortit les armes et espéra que c'était un rêveur car un combat lui serait fatal.

Petite pause à Fériane... juste le temps de respirer un coup, de croiser un rêveur de sa connaissance pour une petite joute amicale, et une petite mission de renseignement aussi. Trois fois rien, de toute façon, après elle devrait retourner chez les faëls. Peuple qu'elle n'appréciait pas tant que ça, mais ils avaient une façon d'être intéressante, et ils était toujours plus agréables à vivre que ces êtres humains si peu fréquentables.
Donc oui, pour l'heure, elle se trouvait à Fériane, et pour être plus précise, juste un peu dehors, dans un petit bosquet avec son ami rêveur. Elle n'aimait pas être à l'intérieur pour discuter, et peu importait ce qu'elle faisait quand elle ne discutait pas. Le rêveur finit par envoyer dans les fourrés non loin une branche morte qui le gênait, ce qui provoqua une question formulée d'une voix qui lui parut familière. Elle aperçut au travers des buissons l'éclat d'armes, et prévint le rêveur, qui préféra retourner en ville, et s'esquiva, en restant bien hors de vue de celle qui les avait dérangés.
Lanfear se redressa, et observa l'intruse. Oui, elle ne s'était pas trompée, c'était celle qui était venu lui pourrir ses vacances chez les petits... Et elle était dans un état pitoyable... Elle s'approcha, bien que restant à quelques pas de la jeune fille.
"Tu es dans un état... Les marchombres n'enseignent donc pas à leurs apprentis qu'il faut éviter de se blesser, et qu'il faut se soigner quand c'est le cas ?!
Tu peux toujours rengainer tes armes, tu ne vaux pas la peine que je dégaine les miennes."
Aimable... en quelque sorte. Elle n'avait pas oublié comment l'autre avait pris la fuite. Tout ça ne lui importait pas plus que sa première victime, donc sérieusement... Tuer une telle apprentie ?! Et pourquoi donc ? Aucun intérêt, et si elle continuait d'évoluer sur sa voie de marchombre, elle finirait peut-être par faire un adversaire appréciable. D'ici de longues années bien sûr.
Lanfear passa sa main dans ses longs cheveux... et en retira une feuille morte. Non, la présence même armée de la jeune fille ne l'inquiétait pas. Peut-être un peu, certes, pour son contact chez les rêveurs, mais maintenant il était suffisamment loin.

Quand elle la vie Panta ne put s'empêcher de trembler. Cela ne pouvait pas être elle, ce mercenaire dont elle rêvait la nuit, le mercenaire dont elle voulait se venger. Mais elle n'était pas prête, pas encore. Panta ne pouvait fuir une autre fois, et ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire. Le mercenaire avait raison sur un point, elle pouvait ranger ses armes.

Tu as raison, ça ne sert à rien que je me batte car tu m'écraserais en une minute. Est-ce que tu pourrais me laisser passer car comme tu le constate je suis dans un état déplorable.

Elle regarda le mercenaire qu'elle détestait tant et rajouta pour elle à la fin de sa phrase (hein sale petite fille de raïs). Cette pensée la fit sourire. Elle contourna la mercenaire en attendant sa réaction.

Voilà qu'elle se permettait de sourire la fille ?! Mais pour qui elle se prenait, elle cherchait vraiment les ennuis celle-là, ou alors elle ne tenait pas à la vie... S'il y avait une chose que Lanfear n'aimait pas, c'était bien qu'on se comporte ainsi vis-à-vis d'elle. De quel droit ? Vu son état, elle était tellement abîmée que le moindre coup risquerait de la blesser à vie... Non, Lanfear n'aurait pas avoué que c'était un fait qui la tentait. L'empêcher pour la vie de finir ses études de la voie marchombre, voilà qui la ferait apprécier en sus de sa guilde... Comment se faisait-il d'ailleurs que son maître marchombre ne soit pas avec elle ?! Tant pis pour elle.

Presque inconsciemment, alors que la jeune fille passait à côté d'elle, un de ses dagues fit son apparition entre ses doigts, avant de tracer un long sillon, profond et sanglant, dans la chair de son bras. Elle n'avait même pas fait attention à ça... Le poison sur la lame ? Juste handicapant pour celle-là, occasionnant des crises de tremblements à trop haute dose... En général, elle tuait trop vite pour que cela arrive...

"Pour agir aussi stupidement, tu ne dois pas encore avoir le niveau. Où se trouve ton maître ? J'ai l'impression que tu me fais perdre mon temps... Il ne me manquait que ça."

Aimable comme toujours d'ailleurs. Elle fit deux pas en arrière, hésitant sur l'intérêt de donner une autre dose de poison... La ville des rêveurs était tout près, et s'il leur arrivait de soigner les poisons, elle savaient qu'ils y avaient du mal, et qu'ils ne le faisaient pas sur commande. Seuls les plus hauts gradés... Elle ricana, moqueuse. Une fois le poison absorbé par l'organisme, c'était fichu, même s'il n'était pas mortel. Plus que quelques secondes.

Panta regarda sa blessure qui saignait.

Bon et moi qui essayait d'être aimable, maintenant il va falloir que j'aspire le poison. Deux secondes s'il te plait.

Elle posa sa bouche sur l'entaille et aspira le sang qui était touché par le poison. Elle alla chercher une feuille pour se faire un pansement et rejoignit son ennemie qui semblait outrée.

Il a un drôle de gout ton poison, c'est quoi les ingrédients ? Mince j'ai oublié de répondre à ta question, excuse moi. D'un, je n'ai pas de maitre car soit ils me laissent tomber, soit ils me rejettent en m'insultant de sauvage.

Elle alla prendre une fleur ou deux, les écrasa et les mit dans la vilaine plaie qui couvrait son avant bras.

Est-ce que tu as un élève car j'adorerais l'affronter, pour voir ce que je vaux vraiment ?

Elle s'allongea sur le sol et attendit la réponse.

La laisser tomber ? L'insulter en la traitant de sauvage ? Elle pouvait comprendre ce genre d'attitude d'après ce qu'elle avait vu de la jeune fille, mais elle ne voyait pas du tout ce que cela avait à faire avec elle. Bref, comme dirait un certain Pépin, passons. Elle la regarda aspirer le poison sans rien faire. Voilà qui aurait été véritablement prendre de la peine pour strictement rien. D'ailleurs, si jamais elle s'épuisait trop, il y avait déjà trop de poison passé dans son organisme pour l'effet qu'elle voulait. Tous les soins n'y feraient rien, mais elle ne le lui dirait pas. Ce serait plus amusant qu'elle le découvre à un moment crucial, son agonie par exemple, ou quelque autre et attentionné instant...

"Tu ne vaux pas la peine que je te le présente, il vaut tellement plus que toi. Ou plutôt, tu ne vaux tellement pas grand-chose qu'il perdrait son temps avec toi, il a beaucoup mieux à faire. Quand à ce que tu vaux réellement, je peux te le dire : tu es une grande gueule, mais tu n'as pas les capacités qui vont avec, et prendre la fuite après avoir provoqué, c'est bien aisé. Je ne pense pas que tu arriveras à quelque chose, à moins peut-être qu'un maitre veuille bien consentir à t'enseigner sa voie une bonne fois pour toute, et encore.
La prochaine fois que tu me déranges, essayes d'en avoir un avec toi, je n'aime pas perdre mon temps avec les faibles."

Long monologue de sa part, et elle avait gardé un ton plat qui signifiait très exactement son absence de tout sentiment à l'égard de cette fille. Perdre son temps... Elle ne voyait pas ce qu'elle faisait ici à part ça. Ah, si, gagner du temps pour son ami rêveur, mais maintenant il devait être arrivé à la cité ou presque. Elle le rejoindrai là-bas, tant pis pour la tranquillité des extérieurs qu'elle appréciait.
Méfiante et attentive, elle commença à s'écarter de la semi-apprentie marchombre, elle rejoindrait Fériane après un léger détour. Pouvait-on appeler apprentie quelqu'un qui n'avait pas de maître ?

(excuse moi pour le retard, désolé)

Comme d'habitude elle en prenait plein la tête. Son bras meurtri commençait déjà à s'engourdir. *En plus je perds du sang, tout va pour le mieux, pff*

Écoute, je sais que tu ne m'aimes pas mais bon de là à m'insulter de la sorte. Et pourquoi, si je ne vaux rien tu recules si prudemment.

*Bon que j'arrête de l'ouvrir moi!* Panta recula. Sa tête tournait, ses déplacements étaient plus lents. Elle s'adossa contre un arbre. Devant elle la mercenaire souriait. Son bras gauche commençait déjà à la faire souffrir. Plus longtemps avant qu'elle perde conscience. Mais bizarrement ça venait pas. Elle regarda son bras et distinguât une sorte d'insecte qu'elle n'avait jamais vu. Puis un autre arriva et puis bientôt elle ne fût plus que paralysé. *Heureusement que vous êtes là, ma mort sera plus douce.* Ça ne pu l'empêcher de la faire sourire. La mercenaire l'insulterait surement mais bon elle commençait à avoir l'habitude.

[essaye quand même d'y aller mollo avec tes bestioles... l'univers d'Ewilan n'est pas suffisant pour toi ?]

Ainsi elle reculait prudemment ? Faudrait voir à pas confondre vitesse et précipitation non plus. Dans ce cas-là, la prudence, ça aurait plutôt été de faire agoniser la gamine devant elle, de vérifier par blessures multiples sa mort, et d'abandonner son cadavre à cet endroit précis. Partir et reculer, ce n'était pas de la prudence voyons...

"Mais tes maitres divers et variés ne t'ont vraiment rien enseigné du tout ma parole... Tu es vraiment pitoyable."

Pour un peu, elle aurait eu l'impression que cette fille-là cherchait vraiment les ennuis. Ça ne lui suffisait donc pas de se retrouver blessée, dans un état de crasse proche de celui d'un raï ? Elle voulait vraiment mourir ou quoi ? Il fallait croire qu'elle était vraiment aussi débile qu'elle en avait l'air. Ce qui n'était pas son problème, même si apparemment, la mercenaire attirait les gens peu... normaux en ce moment. Il faut bien attirer quelque chose après tout.

Elle avait marché pendant tout ce temps, abandonnant l'espèce de fausse apprentie marchombre à son sort. Ce qui faisait qu'elle était arrivée devant l'une des portes de Fériane, et son rêveur l'attendait là. Au moins pourraient-ils discuter sans être dérangés cette fois, à la table d'une des auberges, ou dans un bureau quelconque. Ce n'était pas tout de s'occuper de soi, il fallait aussi penser à remplir ses travaux divers et variés après tout...

Panta passa la nuit adossée à l'arbre. Elle ne dormit pas car elle pensait à la mercenaire. Elle se dit que de toute façon elle ferait un cauchemar, toujours le même, celui qu'elle faisait depuis des mois, chaque nuit. Lorsqu'elle vit les premiers rayons de soleil passer à travers les nuages elle alla chercher un fruit qu'elle mangea.

Bon il faut que je me mette en route.

Elle partit pour la cité des rêveurs.

Arrivée là bas elle risqua de s'évanouir quand elle vit entre deux fenêtres la silhouette du mercenaire tant détesté. "Quoi les rêveur trainent avec les mercenaires ?!". Son premier geste fut de reculer. Mais elle savait que ça ne servirait à rien surtout quand on avait affaire à une femme pareille. Puis elle avait trop besoin de soins.

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